Automatisation des flux de travail

Todo-list efficace : psychologie du travail et conseils d'application

17 min de lecture
Didier Sampaolo
par Didier Sampaolo
Fondateur / Directeur technique
Todo-list efficace : psychologie du travail et conseils d'application

Avoir 3 ou 4 choses à faire à brève échéance, c'est mon état quasi-permanent. Et ça suffit à me donner l'impression de me noyer dans un verre d'eau. J'ai moins de "bande passante", et du mal à me concentrer. Comme si je portais un sac de briques. Intuitivement, je savais qu'une TODO-list organisée devait être la solution, mais mes nombreuses tentatives me stressaient plus qu'autre chose. Avec le temps, après de nombreux essais en interne, on a mis au point un système fiable, qui m'a permis de me débarasser d'une bonne partie de ma charge mentale, directement liée à ma charge de travail, en comprenant d'abord la science derrière.

Sommaire

Pourquoi notre cerveau a besoin d'une to-do list (La science derrière la charge mentale)

Avant de parler d'outils ou de méthodes, il faut comprendre la machine qu'on essaye de piloter : notre cerveau. Et il a une particularité assez contre-intuitive...

L'Effet Zeigarnik : l'histoire du serveur qui ne pouvait pas oublier

Imaginez la terrasse d'un café bondé à Vienne, en 1920. Bluma Zeigarnik, une jeune psychologue russe, étudie le comportement des serveurs.

Elle remarque qu'ils ne notent rien : ils ont une mémoire quasi-infaillible pour ce qui concerne les commandes en cours, même pour de grosses tables. Par contre, dès que l'addition est payée, ils sont incapables de se souvenir ce qu'ils ont servi.

C'est à partir de cette observation qu'elle va théoriser l'effet qui portera son nom, l'effet Zeigarnik : le cerveau humain est câblé pour rester obsédé par ce qui est inachevé.

Chaque tâche non terminée, chaque email en attente, chaque dossier à valider, c'est une "commande non-réglée" pour notre cerveau. Une boucle ouverte qui tourne en arrière-plan, et qui consomme de l'énergie et pèse sur votre organisation personnelle.

Le coût des boucles ouvertes : concentration et "time-on-task"

Cette histoire a plus d'un siècle, mais on constate encore sa pertinence en analysant notre journée de boulot d'hier. Pensez à votre cerveau comme au processeur d'un ordinateur. Chaque boucle ouverte, c'est un petit logiciel qui tourne en arrière-plan.

On en ouvre, un, deux, vingt, cinquante, et le résultat est inévitable : ça rame.

Votre "bande passante" mentale sature. Votre capacité de concentration sur une seule tâche (votre "time-on-task") s'effondre, rendant la gestion de projet et le respect des objectifs complexes. Atteindre cet état de travail en profondeur, le fameux "deep work", devient une mission impossible.

En un mot : c'est épuisant.

La dopamine : notre récompense pour chaque tâche cochée

Mais si notre cerveau est programmé pour détester les boucles ouvertes, il est, à l'inverse, biologiquement câblé pour adorer une chose : les fermer. Et le responsable de ce plaisir a un nom célèbre : c'est la dopamine, un neurotransmetteur essentiel dans notre cerveau. On l'appelle souvent "l'hormone du plaisir", mais c'est un raccourci. C'est avant tout l'hormone de la motivation et de l'anticipation.

Andrew Huberman, neurobiologue à Stanford, explique très bien ce mécanisme : la dopamine est libérée non pas seulement quand on atteint un objectif, mais surtout dans l'attente de l'atteindre. C'est elle qui nous pousse à nous mettre en action.

Quand vous regardez une petite tâche simple sur votre liste, votre cerveau anticipe déjà la mini-satisfaction que vous ressentirez en la cochant. Il libère alors une petite dose de dopamine pour vous motiver à passer à l'action. Chaque case cochée est une "promesse tenue" à votre cerveau, ce qui enclenche un cercle vertueux.

On a donc deux forces qui s'opposent : la frustration de l'inachevé, et le plaisir de l'accomplissement. Maintenant, il nous reste à construire un mécanisme qui minimise la première et maximise le second.

La méthode : les 7 règles d'or pour une to-do list qui fonctionne vraiment

Règle n°1 : Le rituel de la revue

L'une des méthodes de planification les plus anciennes et respectées est la méthode Ivy Lee. Fait intéressant, son créateur n'était pas un consultant en productivité, mais l'un des pionniers des relations publiques américaines au début du 20ème siècle.

La légende raconte qu'il aurait donné cette méthode au patron de l'une des plus grandes aciéries du monde, Charles Schwab, en lui disant de la tester et de le payer ensuite "ce qu'elle valait". Trois mois plus tard, il recevait un chèque équivalent à plus de 400 000 $ d'aujourd'hui.

Le principe est d'une simplicité désarmante : chaque soir, avant de partir, vous identifiez les 6 tâches les plus importantes pour le lendemain...

Mais le monde du travail de 2025 n'est pas celui de 1925. Il m'arrive souvent, en lisant mes mails le matin, d'avoir de nouvelles informations qui changent mes priorités : une deadline qui se décale, une nouvelle réunion planifiée, une validation qu'on n'attendait plus, etc. Si je fais ma planification la veille, elle peut être obsolète avant mon deuxième café, ça cause une friction.

Le rituel du soir : La "purge" mentale pour déconnecter

Chaque soir, avant de fermer mon ordinateur, je prends 5 minutes pour "dumper", pour vider tout ce qui me reste en tête dans ma to-do list : une idée, une tâche non finie, un truc à ne pas oublier...

Le but ici n'est PAS de planifier le lendemain. Le but est de fermer toutes les boucles Zeigarnik de la journée. C'est un acte de clôture qui donne à mon cerveau la permission de passer en mode "off". C'est ma meilleure astuce pour protéger l'équilibre vie pro / vie perso.

La vraie planification, je la fais le matin. Café en main, je commence par un scan rapide de mes mails et messages. C'est seulement APRÈS avoir pris la température de la journée que je deviens stratège.

Je regarde ma grande liste et je sélectionne les 3 à 6 objectifs prioritaires pour la journée. Ce ne sont pas juste les premières de la liste, ce sont celles qui auront le plus d'impact sur ma semaine de boulot.

En résumé : le soir, je vide mon cerveau pour ma sérénité. Le matin, je le focalise pour mon efficacité.

Règle n°2 : La stratégie de démarrage

Votre plan pour la journée est prêt, vos priorités sont listées. Une question se pose, et elle est cruciale : par où commencer ? Le gros dossier stratégique qui vous angoisse un peu, ou la série de petits emails rapides qui traînent ?

Face à ce choix, deux grandes philosophies s'affrontent dans le monde de la productivité : la méthode "Avaler le Crapaud" et la méthode "Boule de Neige".

Avaler le crapaud

La première philosophie est la plus... radicale. Elle s'inspire d'une célèbre citation de l'écrivain Mark Twain : "Si vous devez avaler un crapaud vivant, mieux vaut le faire le matin à la première heure et rien de pire ne pourra vous arriver pour le restant de la journée".

Popularisée dans le monde du business par Brian Tracy, la méthode "Avaler le Crapaud" est présentée comme l'arme ultime contre la procrastination. Le principe : commencez votre journée par la tâche la plus complexe et la plus importante, celle que vous risquez de repousser. Une fois que c'est fait, la pression psychologique retombe et le reste de la journée semble facile.

La boule de neige

La seconde philosophie, et celle que je privilégie, est l'inverse. Elle s'inspire de la méthode "Boule de Neige" popularisée par Dave Ramsey, expert américain en finances personnelles.

Pour aider les gens à rembourser leurs dettes, Ramsey a prouvé qu'il était psychologiquement plus efficace de commencer par solder la plus petite dette, même si ce n'est pas la plus logique mathématiquement. Pourquoi ? Parce qu'on cherche une victoire immédiate.

Appliqué à notre to-do list, le principe est le même : commencez par la tâche la plus petite et la plus rapide. Puis une autre. L'idée est de créer un momentum, un élan de motivation, qui nous portera pour la suite.

Mon avis

J'ai constaté qu'après avoir "avalé le crapaud", je risque de débrayer. Après tout, j'ai réglé le problème le plus important de la journée : j'ai mérité du repos. Dans un projet d'équipe, ce risque est encore plus grand : en s'attaquant à un chantier énorme sans résultats rapides, on risque de démotiver les équipes et de perdre leur adhésion.

C'est pourquoi je préfère la "Boule de Neige". Cette première victoire immédiate génère un sentiment de contrôle et un élan de motivation.

Et ce "momentum" n'est pas magique, il est biochimique. C'est le résultat direct d'un "hack" de notre propre système de récompense. En commençant sa journée par une victoire facile, on ne fait pas que rayer une ligne sur une liste : on s'offre un shoot de dopamine qui nous donnera l'énergie et la motivation nécessaires pour s'attaquer aux plus gros "crapauds" de la journée. On ne gère plus seulement des tâches, on gère sa propre chimie interne pour améliorer sa productivité.

Règle n°3 : Bien formuler et découper ses tâches

On a tous déjà écrit ça sur une to-do list : "Site web client" ou "Rapport annuel". Et on a tous déjà passé trois jours à regarder cette ligne sans rien faire. Pourquoi ? Parce que "Site web client" n'est pas une tâche. C'est un Projet. Et notre cerveau déteste le flou.

Un Projet, c'est la montagne à gravir. Une Tâche, c'est le premier pas sur le sentier. On ne peut pas "faire" une montagne, mais on peut toujours faire "un pas".

Comment savoir si c'est une montagne ou un pas ? J'utilise un test simple : la règle des 25 minutes. Si je ne peux pas raisonnablement accomplir la chose en une seule session de concentration (un "Pomodoro"), alors ce n'est pas une tâche. C'est un projet qu'il faut découper.

La solution est donc de transformer chaque "projet" flou en une liste de "prochaines actions" physiques et concrètes. Et pour ça, chaque action doit commencer par un verbe. Le verbe, c'est l'étincelle qui met le cerveau en mouvement et qui élimine toute ambiguïté.

Focus : La Méthode Pomodoro en 2 minutes chrono 🍅

Inventée par l'Italien Francesco Cirillo dans les années 80, cette méthode de gestion du temps tire son nom du minuteur de cuisine en forme de tomate (pomodoro) qu'il utilisait lorsqu'il était étudiant.

Le principe est d'une simplicité redoutable et vise à protéger notre concentration.

La recette :

  • Choisissez UNE seule tâche de votre to-do list.
  • Réglez un minuteur sur 25 minutes.
  • Travaillez sur cette tâche, et uniquement celle-ci, sans aucune interruption jusqu'à ce que le minuteur sonne.
  • Prenez une courte pause obligatoire de 5 minutes (levez-vous, étirez-vous, prenez un café, mais ne lisez pas vos mails !).
  • Après quatre sessions "pomodori", accordez-vous une pause plus longue de 15 à 30 minutes.

Pourquoi ça marche ? Parce que cette technique transforme une montagne de travail en une série de petits sprints. Elle combat la procrastination (il est facile de se motiver pour seulement 25 minutes) et protège votre "deep work" des distractions.

C'est pour cela que c'est un excellent test : si une "tâche" sur votre liste semble nécessiter bien plus d'un Pomodoro, c'est probablement un projet qu'il faut découper !

Règle n°4 : Le triage (Ma critique de la règle des 2 minutes)

Pour parler de triage de tâches, il y a un nom incontournable : David Allen. Son livre, Getting Things Done (GTD), est une véritable bible de l'organisation depuis plus de 20 ans. L'une de ses règles les plus célèbres et les plus partagées est la "règle des 2 minutes" : si une action prend moins de deux minutes à réaliser, faites-la immédiatement plutôt que de la noter.

La logique est séduisante : on évacue les petites choses pour désencombrer son esprit. Et pourtant, je pense que dans la plupart des cas, c'est une mauvaise idée. Pour moi, cette règle est même le meilleur moyen de saboter une bonne session de planification.

La raison est simple : notre cerveau n'est pas fait pour le multitâche. J'aime penser qu'il a deux modes de travail très distincts : le mode "Architecte" et le mode "Ouvrier".

  • Quand j'organise ma journée, je suis en mode Architecte. Je prends de la hauteur, j'évalue, je priorise. C'est un état de réflexion stratégique.
  • Quand j'exécute une tâche, je suis en mode Ouvrier. Je suis concentré, la tête dans le guidon, en pleine production.

La règle des 2 minutes nous force à switcher frénétiquement entre ces deux modes. Répondre à un "petit" email (Ouvrier) en pleine session de planification (Architecte), c'est un changement de contexte qui coûte une énergie folle et qui pulvérise notre élan de réflexion.

La solution n'est donc pas d'exécuter, mais de trier très rapidement. Toutes les tâches de moins de 5 minutes ne sont pas faites immédiatement. Elles sont capturées et envoyées dans une liste dédiée : ma liste "Quick Fix".

L'avantage, c'est que l'acte de noter est ultra-rapide. Noter 10 "quick fix" me prend à peine une minute, et ça peut se faire n'importe où, même aux toilettes avec son téléphone. Exécuter ces 10 tâches, même courtes, m'aurait pris 20 minutes et aurait complètement ruiné ma session de planification en mode "Architecte".

Et cette liste "Quick Fix" de tâches rapides, quand est-ce que je la traite ? Quand je décide de passer consciemment en mode "Ouvrier". Je me bloque une session "Pomodoro", souvent entre deux réunions, et je vide la liste d'un coup. C'est du "batching" de micro-tâches, et c'est incroyablement efficace.

En résumé : ne laissez jamais l'exécution cannibaliser votre planification. Triez vite, exécutez plus tard.

Règle n°5 : Regrouper pour mieux régner (le "batching")

Imaginez une journée de travail "normale" : vous rédigez une proposition commerciale, puis vous répondez à un email urgent, puis un collègue vous pose une question, vous revenez à la proposition, puis vous passez un coup de fil... Chaque changement de tâche semble anodin. En réalité, c'est un désastre pour votre concentration.

Ce zapping permanent porte un nom : le changement de contexte (context switching). Et son coût est bien plus élevé qu'on ne l'imagine.

Gloria Mark, chercheuse en sciences de l'information à l'Université de Californie, a mené l'étude de référence sur le sujet. Ses résultats sont sans appel. Après une simple interruption, il faut en moyenne à notre cerveau 23 minutes et 15 secondes pour se reconcentrer pleinement sur la tâche initiale.

Le pire, c'est que ces interruptions sont partout et constantes : numériques (notifications, emails), humaines (un collègue qui a besoin d'aide), et même auto-infligées (l'envie soudaine de "juste vérifier un truc", ou d'ouvrir Twitter).

Comment lutter contre cette dispersion constante ? En arrêtant de jongler. La solution est de regrouper les tâches de même nature pour les traiter "en lots" (ce qu'on appelle le batching). C'est la base d'une bonne gestion du temps.

  • Au lieu de répondre à vos emails toutes les 5 minutes, dédiez-leur deux sessions de 45 minutes par jour. Le reste du temps, fermez votre boîte mail.
  • Vous avez 4 appels à passer ? Regroupez-les sur une plage de 30 minutes. Votre cerveau restera en "mode appel".
  • Besoin de faire de la comptabilité ou des notes de frais ? Bloquez une heure "compta" et ne faites que ça.

L'astuce la plus efficace pour s'y tenir, c'est de traiter ces "lots" comme de vrais rendez-vous. Bloquez des créneaux dans votre agenda : "9h30-10h15 : Traitement des emails". C'est un rendez-vous avec vous-même, et il est tout aussi important et non-négociable que celui avec votre plus gros client.

Règle n°6 : Le suivi (La "Done List" comme outil de pilotage)

La journée se termine. Vous êtes épuisé, vous avez couru partout. Vous regardez votre to-do list... et elle est encore à moitié pleine des tâches importantes que vous aviez prévues. Le sentiment qui domine ? La frustration. "Encore une journée où je n'ai rien fait avancer". Et si c'était complètement faux ?

C'est là qu'intervient un outil simple mais surpuissant, le jumeau indispensable de la to-do list : la "Done List", la liste de ce qui a été réellement accompli.

Beaucoup de coachs en productivité présentent cet outil comme une simple méthode d'auto-congratulation pour le moral. C'est vrai, ça fait du bien au moral. Mais pour moi, sa véritable puissance est ailleurs. Ce n'est pas un outil de fierté, c'est un outil de pilotage.

Ma philosophie pour cet outil est simple : tout ce qui est fait dans la journée doit y être capturé. Y compris, et surtout, les tâches imprévues qui n'étaient pas sur votre liste du matin. Le but n'est pas l'auto-congratulation, mais l'analyse honnête de son temps pour améliorer le système.

  • Cet appel de 30 minutes avec un prospect qui n'était pas au planning ? Noté.
  • Cette urgence à régler pour aider un collègue ? Notée.
  • Cette idée de post que vous avez passée une heure à structurer ? Notée.

Pourquoi cette discipline ? Parce que votre "Done List" devient le reflet honnête et parfois brutal de votre journée de travail réelle, et non de votre journée idéale. C'est un journal de bord qui vous permet de répondre à la question la plus importante : "Où passe VRAIMENT mon temps ?".

En faisant votre revue du soir, si vous voyez que 50% de vos tâches accomplies étaient des imprévus, ce n'est pas un échec. C'est une donnée. C'est le signal que vous devez peut-être prévoir des blocs de temps "tampon" pour les urgences dans la plannification de votre agenda. C'est comme ça qu'on améliore le système en continu.

En résumé : ne suivez pas seulement ce que vous devez faire, suivez aussi ce que vous avez fait. La première liste gère votre futur, la seconde vous apprend de votre passé.

Règle n°7 : La gestion des imprévus

Vous êtes en plein "deep work", concentré sur une tâche complexe. Vous avancez bien. Et soudain... le téléphone sonne, un collègue arrive à votre bureau, une notification "urgente" apparaît. Vous êtes interrompu. Une heure plus tard, vous revenez à votre dossier et la question fatidique se pose : "Où est-ce que j'en étais, déjà ?".

Cette interruption ne vous a pas seulement fait perdre le fil. Elle a créé de force une nouvelle "boucle ouverte" dans votre cerveau, et probablement la plus frustrante de toutes. Votre esprit va maintenant dépenser une énergie considérable en arrière-plan pour essayer de ne pas oublier où il en était, ce qui génère du stress et de la friction.

Pour contrer ça, j'ai développé un réflexe qui dure moins de 10 secondes, mais qui change tout : la clôture symbolique. Le principe : ne jamais se laisser emporter par l'interruption sans d'abord "fermer" la tâche en cours.

Avant de répondre au téléphone ou de pivoter sur l'urgence, prenez juste le temps de noter la "prochaine micro-étape" de la tâche que vous abandonnez. Attention, je ne parle pas de la prochaine grande étape, mais du plus petit geste physique ou intellectuel que vous devrez faire en y revenant.

  • Vous rédigiez un email ? Notez : "Prochaine étape : trouver le chiffre du T3 dans le rapport de Carole."
  • Vous développiez une fonctionnalité ? Notez : "Prochaine étape : vérifier si la variable userName est bien passée à la fonction displayProfile()."
  • Vous prépariez une présentation ? Notez : "Prochaine étape : trouver une image pour la slide 7 sur la 'boule de neige'."

En faisant ça, vous donnez une instruction claire et précise à votre cerveau. Vous lui dites : "Ne t'inquiète pas, je sais exactement où on reprendra". Vous "fermez la boucle" artificiellement. Votre cerveau, libéré de la charge de devoir se souvenir, peut se consacrer pleinement à l'urgence. La reprise de la tâche initiale se fera ensuite sans aucune friction, quasi-instantanément.

En résumé : pilotez vos interruptions au lieu de les subir. Une note de 10 secondes vous fera gagner des dizaines de minutes de reconcentration dans votre journée.

Quel outil de todo-list choisir ?

On arrive à la question la plus fréquente : "Quelle est LA meilleure application de to-do list ?". Ma réponse est toujours la même : il n'y en a pas.

Le meilleur outil n'est pas celui qui a le plus de fonctionnalités. C'est celui qui respecte la méthode que nous venons de bâtir. L'outil doit être au service de votre cerveau, pas l'inverse.

Les 5 fonctionnalités essentielles pour un logiciel efficace

Avant de télécharger une application, assurez-vous qu'elle respecte ces 5 critères essentiels. Chacun est directement lié à une des règles que nous avons vues. Évidemement, on pourrait se contenter d'un tableau Excel relié à un calendrier, ou même d'une feuille de papier, mais personnellement, ça ne me suffit pas.

  • La gestion multi-listes pour trier vos projets : Votre outil doit impérativement vous permettre de séparer les contextes. Vous avez besoin, au minimum, d'une liste "Quick Fix", d'une liste par grand projet, et d'une liste "perso".
  • La hiérarchie des tâches : L'outil doit vous permettre de transformer un "Projet" (la montagne) en une série de "Tâches" claires (les premiers pas). Si vous ne pouvez pas créer de sous-items, vous finirez avec une liste principale illisible.
  • La flexibilité du glisser-déposer : Chaque matin, vous devez pouvoir réorganiser vos 3 à 6 priorités du jour de manière simple et intuitive, par un simple glisser-déposer. Toute friction à ce niveau ruinera le rituel.
  • Les options de priorisation visuelle : La possibilité de mettre des tâches en favori (avec une étoile ⭐), de leur assigner des couleurs ou des deadlines claires est fondamentale.
  • Une synchronisation multi-plateformes : Votre système doit être un "cerveau externe" 100 % fiable. Il doit être accessible et identique sur tous vos appareils (ordinateur, téléphone, tablette). C'est la condition sine qua non pour pouvoir "dumper" une idée le soir ou capturer un "quick fix" depuis vos toilettes.

Mes recommandations : de la simplicité avant tout

Mon conseil : commencez par l'outil le plus simple possible qui coche ces 5 cases. Ne tombez pas dans le piège de l'"usine à gaz" qui vous demandera plus de temps de configuration que de temps d'exécution.

Personnellement, j'utilise Google Tasks. Pourquoi ? Parce qu'il est gratuit, ultra-simple, et qu'il remplit parfaitement les 5 critères. Son intégration native avec mon Agenda Google (pour les "RDV avec soi-même") et Gmail en fait un outil sans aucune friction pour mon workflow.

Si vous êtes dans l'écosystème Microsoft, Microsoft To Do est son équivalent, gratuit lui aussi. Il existe aussi des applications plus complètes, comme Todoist, Things 3 (pour Mac/iOS) ou TickTick (souvent avec une version gratuite limitée et des versions payantes), mais je vous conseille de ne les explorer que si vous sentez que les options simples vous limitent vraiment.

Le but n'est pas de se souvenir, mais d'oublier

Si vous ne deviez retenir qu'une seule chose de ce guide, c'est celle-ci : le but d'une to-do list efficace n'est pas de vous rappeler tout ce que vous avez à faire. C'est de donner à votre cerveau la permission de l'oublier en toute confiance.

C'est un changement total de perspective. Votre liste n'est plus un pense-bête anxiogène, mais un système externe de pilotage, un véritable "cerveau déporté" auquel vous accordez une confiance absolue.

Mettre en place ce système demande un peu de discipline au début. L'important n'est pas la perfection immédiate, mais le progrès. Chaque boucle fermée le soir, chaque petite victoire "boule de neige" le matin, est un pas de plus vers la sérénité.

Au fond, cette méthode est une forme d'automatisation personnelle. On identifie une tâche qui sature notre processeur interne, notre mémoire, et on la délègue à un système externe fiable.

Et c'est exactement le cœur de notre mission chez LVLUP : appliquer ce même principe, non pas à un individu, mais à des équipes entières. Nous aidons à déléguer la charge de travail opérationnelle à des systèmes et des machines, pour libérer l'intelligence collective et lui permettre de se concentrer sur ce qui a une vraie valeur.

En résumé :
  • Le but n'est pas de se souvenir, mais d'oublier. Une to-do list efficace n'est pas un pense-bête, mais un "cerveau externe" fiable qui libère votre charge mentale (l'Effet Zeigarnik).
  • La planification se fait le matin, pas la veille. Contrairement aux méthodes classiques, planifier après avoir lu ses mails permet de s'adapter aux imprévus et d'être plus agile (votre version de la méthode Ivy Lee).
  • Commencez par le plus facile pour battre la procrastination. Pour créer un élan de motivation, il est psychologiquement plus efficace de commencer par 1-2 tâches rapides que par la plus grosse (la méthode "Boule de Neige").
  • Séparez les modes "Architecte" et "Ouvrier". Ne laissez jamais l'exécution de micro-tâches (mode Ouvrier) cannibaliser votre temps de planification (mode Architecte), même pour des actions de moins de 2 minutes.